Sunday, April 2, 2017

Cotonou Accueil : Djegbadji, La route du sel

  Double wammy ce mois de mars avec une seconde sortie Cotonou Accueil. Nous allons à Ouidah à environ 1h de Cotonou. Charlemagne sera notre guide pour la visite des salines de Djegbadji (Berges de sel en langue Fon) et du mode de vie sur les iles de la lagune. Cette zone est réputée pour son sel naturellement iodé. Autrefois les gens venaient du Niger ou Nigeria avec des produits de troc contre ce fameux sel.


   Cette activité traditionnelle est réservée aux femmes pendant la saison sèche (décembre à avril). Ce village compte environ 200 femmes en association. Les hommes, pêcheurs renommés, travaillent pour la plupart dans des pays voisins et ne rentrent qu'une fois l'an.


   Ces femmes raclent la terre salée des marais avec la houe et la mettent dans des paniers fabriqués avec le bois de la mangrove. Les racines de l'avicennia africana (palétuvier noir) servent de "piliers" (verticaux en nombre impair) tandis que le rhizophora racemoza (palétuvier rouge) est utilisé pour tresser le corps. Au fond, un ancien sac de farine est posé pour isoler. En cas de pluie, les femmes les couvrent  pour protéger d'un ajout d'eau douce.


   Elles obtiennent des saumures à forte concentration qu'elles lessivent par ajout d'eau de mer. Ces paniers-filtres sont appelés Bous. L'eau traverse, ressortant par le tuyau dans une bassine.


   La salinité est testée régulièrement avec une graine de palme. Si celle-ci flotte alors l'eau s'écoulant a encore assez de sel, mais si elle reste au fond alors la récupération du sel de ce lot de terre est finie. La bassine est alors amenée à la case de chauffe.


   La bassine sera chauffée au bois et le contenu mit à bouillir durant 3 h pour obtenir le sel. Leur production est d'environ 15kg par jour. Les femmes fonctionnent en association, mais chacune vend le sel pour son propre compte.


   La production de sel repose sur une importante consommation de mangrove. Celle-ci en danger de disparition a été déclarée zone protégée et les femmes ne peuvent plus ramasser de bois près de chez elles et doivent aller beaucoup plus loin... dans de la mangrove tout de même ?!! Si des palétuviers gênent ou s'abiment, seule la présidente de l'association a autorité pour autoriser leur coupe. La mangrove est un éco-système des plus productifs de la terre en termes d'avantages environnementaux  (protection des côtes...), de fournitures de produits végétaux et d'abri pour de nombreuses espèces, d'où l'importance de la préserver. 


    Depuis une dizaine d'années, l'Association des Femmes Exploitantes de la Lagune a collaboré avec les paludiers de Guérande pour introduire une technique ne nécessitant pas de bois de chauffe puisque l'évaporation est solaire (la saumure sèche au soleil sur des bâches une journée durant). La méthode n'a pas tenu semble-t'il vu que les femmes sont revenues à leur marmite chauffées au bois.


   Les femmes ont accepté d'être prises en photo. J'aime bien les visages ! Tiens j'ai vu Nicos à la télé qui montrait ses photos de mains. J'ai beaucoup aimé, cela me donne des idées :-)
     Quand on vous dit "cadeau" alors il ne faut pas comprendre oui, mais que la personne veut des sous. Nous étions 15 et leur avons pris plus de 20 kg de sel (Le kg fait 500 CFA, € 0,8 environ). J'ai aussi promis à Charlemagne de lui passer les photos des dames par courriel. déjà envoyé une photo en plus de poser des questions. Il faudra que j'arrête de socialiser avec mes nouvelles "copines" et que je me concentre sur ce qui se dit lors des visites car je me pose plein de questions 😂. 

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