Tuesday, April 11, 2017

Ouidah : La route des esclaves

    La 3ème partie de notre sortie Cotonou Accueil sur Ouidah fut la route des esclaves, retracée début des années 90 suite à des fouilles archéologiques. Elle est marquée par les 5 étapes du parcours effectué par ces hommes, femmes voir enfants. Ouidah fut l'un des principaux points d'embarquement des esclaves vers les Amériques avec le Sénégal et le Ghana. Sans oublier Jufurré en Gambie que nous avions visité et à la base du livre "Racine".


  Etape 1 - La place aux enchères est le point de départ de cette route de quasi 4km qui se faisait à pied. Elle a vu le jour en 1717 après la défaite du royaume Houéda contre celui d'Agbomé. Au lieu de tuer des prisonniers de guerre on les soumettait aux travaux forcés. Puis l'idée de les envoyer dans des plantations en Europe et Amérique germa. Les rois africains répugnant à vendre leur propres sujets, vendaient ces prisonniers de guerre, puis les victimes de razzia et ceux ayant commis l'adultère. Le brésilien Francisco Felix de Souza (1754?-1849) fut le plus influant négrier, nommé par le roi Ghézo. Les esclaves étaient troqués contre des canons, alcools, fusils, chapeaux, pacotilles..) un miroir valait 40-50 esclaves.
  Etape 2 - L'arbre de l'oubli. Celui-ci à disparu. Une sculpture en marque l'emplacement. Nommé ainsi du fait d'un rituel au cours duquel les esclaves tournaient 7 fois autour de l'arbre pour devenir amnésique, oublier leurs origines, sans volonté, sans souvenir du passé. C'est là qu'ils étaient marqués au fer.


   Sur cette route se trouve un mémorial érigé par la diaspora qui marque les étapes de ce périple. 
  1- L'Afrique dépeuplée, ruinée de ses bras.
  2- Départ face à la mer
  3- Hommes mais aussi femmes et les enfants qui valent plus cher.
  4- l'arbre de l'oubli
  5- Certains effrayés par ce futur inconnu sautaient à l'eau, se noyant
  6- les esclaves étaient enchainés
  

  7- Ce que l'Afrique a perdu, puis retrouvé dans les inventions
  8- Les esclaves travaillaient jusqu'à 60 ans puis encore 2 ans de plus en tant qu'affranchis s'ils le souhaitaient. Ils s'intégraient au pays où ils résidaient.
  9- Retour aux origines.
 10- Chaines cassées, symbole de liberté.


  Etape 3 - Les esclaves y sont "entreposés" dans l'obscurité d'une grande case. On leur ote tout point de repère afin de les désorienter, limiter les tentatives d'évasion ou rébellion. L'attente pouvait durer 4 mois et quand un navire arrivait, on triait les corps (jetés en fosse publique) des vivants qui partaient pour un dernier rituel. Sur la sculpture rouge, les têtes du haut sont en lamentation, le masque supérieur représente un béninois, celui du bas un nigérian (scarifié).


  Etape 4 - L'arbre du retour (Saucisse - kigelia africana) planté par le roi du Dahomey, est toujours là. Les esclaves faisaient 3 fois le tour afin de s'assurer du retour de leur âme sur leur terre natale.


   Tout à côté, un mémorial de 6 m de haut a été dressé sur la fosse commune. 1ère rangée (en haut, à gauche) 4 têtes d'esclaves enchainés, puis 5 têtes baissées car pensives, suivis de 9 enchainés par le cou. A l'extrême droite, 22 sont disposés "en sardines". Les bandes rouges symbolisent la peur, la souffrance, la colère, l'angoisse.


  5 - La porte du non-retour. Dernière étape vers l'inconnu. Refaite à l'initiative de l'Unesco, elle marque le symbole de la déportation dont la plage de Ouidah fut le théatre. Le mémorial célèbre les morts. Près d'un million de personnes ont été embarquées de cette plage sur les 2 millions partis du Bénin (11 millions d'Afrique).


En direction de l'eau, les captifs enchainés sont de dos/face à la mer.


de l'autre côté, toujours face à la mer ils sont représentés de face. 


  La ville de Ouidah bénéficia pendant plus de 3 siècles de ce trafic lucratif dominé par Xwéda au XVIIème siècle puis par le Dahomey à partir du XVIIIème siècle. 


On a bravé la chaleur de la journée ! Que ce fut une sortie interessante !

No comments:

Post a Comment