Friday, March 30, 2018

Village d'Adjohoun 23/03/ 2018

    Adjohoun, qui signifie "sauvé des voleurs" est une commune du département de Ouémè à 62 km de Cotonou (1h30 de voiture environ) et compte, sur 308 km2, plus de 75000 habitants en 8 arrondissements et 57 villages. 


    Avant de se jeter dans la lagune de Porto Novo, le fleuve Ouémè a créé un véritable delta intérieur avec une vaste pleine d'inondation. Ce delta constitue la vallée basse longue de 50km (large de 25) avec plus de 60.000 ha de terres irrigables. Le couvert végétal a été mis à mal par l'exploitation agricole et les feux de brousse. La végétation primaire a disparu au profit de palmeraies et de plantations d'eucalyptus.
    Après la visite du centre de santé, Mariette nous a guidé pour descendre dans le village proche, jusqu'aux rives du fleuve.


    L'eau élément vital est toujours approvisionné à tête d'homme.. ou plutôt de femmes... d'ailleurs relativement jeunes. On peut apercevoir ça et là des lieux/espaces de cultes vaudou. Là, un genre d'ours dans un espace verdoyant que personne ne touchera ni exploitera. Nous avons croisé pas mal d'enfants. L'école ne semble pas la priorité !


Dans l'antre d'un village béninois.


    Intéressant de voir un calebassier. L'arbre semblant frêle porte de gros fruits et surtout fort lourds. Je dit fruits, mais les calebasses ne sont pas mangées. Elle servent à faire des instruments de musique, des assiettes, des plats, des lampes ou autres produits de déco. Fait particulier, la façon dont partent les feuilles directement de grosses branches.


   Bassins pour faire l'huile de palme. Les dattes (graines rouges du palmier à huile) sont écrasées et piétinées façon raisin pour le vin autrefois. Vu l'état intérieur cela ne doit pas arriver souvent.


   Une fois au bord de l'eau, on observe le quotidien de ces gens. Dans cette région, l'ethnie majoritaire est le Wémè (90%), mais il y a eu des mouvements massifs vers les Nigéria et Gabon pour la quête d'emploi ainsi que vers les centres urbains comme Porto Novo, Cotonou ou Abomey (les Zem : taxi mobylettes). 
     Les religions dominantes sont l'animisme et le christianisme mais depuis quelques années se dévelloppe l'islam et depuis les années 90 les églises évangéliques qui contribuent à la régression de l'animisme et entrainent l'émergence de nouvelles croyances et traditions favorisant la désacralisation et la banalisation des religions traditionnelles. 



La cueillette a été colorée !


    Mariette est avec nous, les locaux la connaissent bien et sont confiants. Pour la première fois j'ai l'occasion d'approcher la vraie vie des habitants des campagnes au Bénin. La vie s'écoule, doucement.

Tuesday, March 27, 2018

Au temps béni des colonies


    Il ne reste que des vestiges, rien n'est en forme. L'ancien hôpital maternité est envahi par la végétation. Même l'arbre, immense, ne sera bientôt plus le témoin de ce passé révolu si les gens continuent à tailler dans ses racines pour utiliser son bois. Son nom m'est inconnu mais ses fleurs formes de jolies grappes rouge. 


    Le centre culturel fut réhabilité et utilisé comme école un trop court temps avant que tout soit à l'abandon. Dehors Mariette montre où était le kiosque à musique pour les concerts avec ses espaces pour les tables. Seuls restent les délimitations au sol. En 2000 les marins avaient tout repeint et construits un toboggan mais rien ne reste.


   Portes et fenêtres ne sont plus. Mariette a eu cette triste phrase exprimée par 24 d'expérience ; "le béninois est compliqué et jaloux". Si je ne peux pas l'avoir / en bénéficier, alors l'autre ne l'aura pas.


    La vue sur le fleuve Ouémè et de la vallée du même nom est superbe. C'est une vallée fertile loin d'être exploitée à son potentiel. Entre autre, l'achat de terrains est compliqué les titres de propriété durs à trouver/obtenir créant un blocage des activités agricoles. L'accès des zones basses dans le delta sont aussi difficiles en saison humide. Rien n'est simple.


La maison du commandant de cercle, le préfet aujourd'hui, est là, abandonnée depuis 17 ans



     L'ethnie majoritaire à 90% est le Wémè, mais il y a un mouvement massif des populations en quête d'emploi, vers les pays voisins comme le Nigéria, le Gabon ou les centre urbains (Porto Novo, Cotonou, Abomey). La religion est l'animisme et le christianisme mais on assiste à un développement de l'islam et dès les années 90, le développement des églises évangéliques contribue à la régression de l'animisme et l'émergence de nouvelles croyances et traditions favorisant la désacralisation et la banalisation des religions traditionnelles.
    Dans le quartier musulman que nous avons parcouru se côtoient le neuf , le passé, le traditionnel.
Sur l'entrée d'une belle propriété un lion regarde dehors pour dire "tu es hors de chez moi, non protégé", un autre regarde dedans surveille l'hôte, lui apporte protection.


    Le passé colonial n'est que vestiges où que l'on regarde. L'ancienne fontaine copie parait-t'il d'une fontaine d'Aix en Provence est toujours là, figée. Le marché a vécu, les maisons ne vivent plus. C'est assez étrange en fait. On pourrait transposer cela aux villes abandonnées du far-ouest.

Saturday, March 24, 2018

CIFC : Amour sans frontières

Hier je suis allée au delà de Porto Novo. Je m'aventure en terre béninoise 😅


   Le CIFC voulait faire un topo avec l'ONG Amour sans frontières. Nous voici donc à une vingtaine de km au nord de la capitale dans le village d'Adjohoun. La 1ère chose que l'on a pu constater c'est le bénéfice apporter à l'hygiène grâce aux travaux de carrelage du à un don du CIFC dans le centre nutritionnel et sanitaire. 


   Ensuite, visite de la maternité où vient juste d'être terminé il y a une semaine le plafond en contre-plaqué. Cela fait une énorme différence pour pallier à la fournaise des toits de tôle. 


   Depuis le début de l'année il y a eu 43 accouchements. Le coût est de CFA 3000 contre 9000 à l'hôpital. Le souci est que 1 - les césariennes à l'hôpital étant gratuites les femmes ont tendances à en réclamer et 2 - Les maris/familles trainent des pieds pour régler ces 3000. Dans ce cas les femmes sont gardées sur place charge à la famille de tout fournir, des draps aux habits et faire ses propres lessives. Ce n'est pourtant pas toujours gagné. L'argent passe plus vite dans le portable que pour les soins ! Les lits d'enfants sont ceux des enfants de Francoise et d'une de ses amie.
    Comme de partout les vols sont un gros problème. Le premier générateur a été dérobé au nez et à la barbe des employés qui "pensaient qu'il y avait un problème et que quelqu'un venait le prendre pour réparation". Impossible de mettre un couvercle à un seau sinon tout disparaitrait en un éclair.


   L'Ambassade de France ainsi que celle des US ont participé à la réalisation de bâtiments. Les panneaux solaires ont été amenés et installés par Electriciens du monde et le "support landais". Ceux-ci sont nettoyés une fois/mois, uniquement par Mariette et Emmanuel (directeur, infirmier en chef et homme de confiance). L'ancienne maternité est devenu bureau de l'assistante sociale. 27 enfants sont parrainés et viennent prendre leurs repas et passer le mercredi après-midi à regarder la télé ou faire une activité créative. Les parrains aident à la scolarisation, l'apprentissage, l'achat de nourriture. 


    Mariette, une landaise, au Bénin depuis 24 ans a crée cette ONG en 97 avec comme mission la prise en charge d'enfants en difficultés et la mise en place d'activités génératrices de revenus pour les femmes. Nous n'avons rien vu sur l'aspect des femmes, mais des actions ont été réalisées en plus du centre nutritionnel et d'une cantine. L'ONG a installé une presse à huile dans le village de Mitro, mis à la disposition des riziculteurs une décortiqueuse à riz, ouvert une bibliothèque (cotisation de CFA 100/an).
     Maman Pascale est la cuisinière. Nous lui avons amené des graines de palme et des papayes. Dans la cour un jeune récupérait des feuilles de Tex qui servent à emballer les marchandises. L'ancêtre du sac plastique !


Le puit reste le meilleur moyen d'obtenir de l'eau de manière fiable. 


Vers 13h nous sommes allées chez Mariette pour partager un repas/pic-nic. 
   En 2000, elle a eu la visite de plus d'une trentaine de marins qui ont durant 5 jours oeuvré en bâtiment (sanitaires, peintures...), mais aussi en consultations médicales du médecin et des infirmiers des bateaux. Le nom de chaque bateau participant a été peint sur la maison de Mariette.


Petit groupe de 4 visiteuses, nous avons été fort bien accueillies. 

Monday, March 19, 2018

Cotonou Accueil : La conversation anglaise cuisine

   Parler, parler, ça fait du bien d'en parler parler... et Murtiani s'est lancée la première à combiner la session d'anglais avec une séance de cuisine de ses origines l'Indonésie. On ne va pas dire que tout s'est fait en anglais, mais bien 60 % ce qui est déjà pas mal.


   Super organisée et didactique, nous avons réalisé une soupe Mis Bakso avec des boulettes de viande, du tofu, des légumes et pleins de condiments comme gingembre, nuok nam, sauce soja... 


En second nous avons fait des nems. Tout un art ! Plus facile en long que façon samoussa 😆


Après l'effort, le repas between friends. Delicious indeed ! A fab time.
16 mars 2018 Cotonou

Wednesday, March 14, 2018

Culturel : Rémy Samuz


    Cette semaine avec des amies nous sommes allées voir l'expo de Rémy Samuz. Dès l'arrivée, une énorme marmite nous accueille. "Cette marmite, je l'ai faite pour rendre hommage à ma mère". Son ambition est de "valoriser la gente féminine dans tous ses aspects socio-culturels".


   Rémy Sossouvi, né en 1982 à Cotonou, fabrique depuis son enfance des sculptures miniatures représentant toutes sortes de personnages. Considéré comme un enfant "bizarre" on disait toujours "Rémy s'amuse", nom d'artiste qu'il a adopté. Pour lui "le mouvement est la vie sous toutes ses formes" et depuis 2009 il réalise des sculptures en fil de fer tissé qui atteignent parfois des tailles gigantesques. Sa Princesse de même qu'Avenir font parties de sa collection privée.


   Les autres créations sont à vendre. Si les prix étaient très accessibles il y a à peine 2 ou 3 ans,  avec des tarifs en milliers de CFA, maintenant, il faut compter en centaines de milliers. De 800.000 (€1222) pour les tous simples sans titre à 21.000.000 (€ 32077) pour Conférence en passant par Jolie Fleur 0,9 M, Maternité 1,8 M, Ouvrière 2 M ou Affirmation à 2,6 M. 


    "Avenir", a permis à Rémy Samuz, de décrocher la médaille d'or aux derniers Jeux de la Francophonie en Côte d'Ivoire. Il place la femme au centre des prises de décisions dans un monde futur. "Une femme porte l'humanité entière". 


 Pour lui, "la femme est la colonne vertébrale de l'humanité, la première éducatrice". 



   J'ai vraiment adoré car je voyais la poésie, le mouvement. Marie, a d'emblée détesté en y voyant des corps humains déchiquetés par des bombes. Intéressant comme on peut avoir une perspective aussi opposée. Même après avoir entendu cet argument, je reste sur mon coup de coeur initial et j'aime énormément ces femmes qui semblent en action.


Si cela vous dit Tougbedjé 1,3 M ( € 1985), Soya 1,2 M (€ 1833), La Ronde 3,5 M (€5346), Souclou vi 2,35 M (€ 3590).


   La pièce maitresse est quand même bien cette "Conférence". "J'ai réalisé 9 femmes en conférence qui se tiennent la main pour signifier l'union symbolique qu'il nous faut préparer le monde de demain pour que les choses aillent beaucoup mieux."
   Une expo à ne pas rater !

Thursday, March 8, 2018

Culturel : Jorge Serpa


    Jorge, ingénieur en mécanique et de nos jours comme il se défini "homme au foyer" de sa charmante femme Lucy Ambassadeur au Bénin pour les U.S., adore voyager. Il a écrit un guide "Slow Roads" sur les belles routes à faire au Portugal pour les voitures et motos. Plus on le connait et plus on découvre sur lui, ses passions, ses voyages, son gout pour le cinéma des années 50/60 avec le cocktail associé 😉. . . Personnage fascinant que l'on adopte très vite comme ami. 
   L'opportunité lui a été offerte d'exposer des photos de ses multiples voyages. Il a un projet 100 qui est de visiter 100 pays différents. Il y a un an il en était à 83 ce qui est déjà incroyable. Je ne manquerai pas lors de notre prochaine rencontre de me renseigner sur le chiffre actuel.


   Très belles photos, qui nous ont fait voyager dans le vécu ou en contrées nouvelles. Vraiment Top ! J'ai compris que ce n'était pas simple de monter une telle expo. Il ne suffit pas d'élargir des photos, mais aussi de choisir les cadres et les vitres adaptées contre les reflets ... Ce qui reste un challenge dans de tels pays.
    Quand même je dois avouer que ce qui m'a le plus impressionné c'est sa moto qu'il a exposé au centre de la pièce. Elle me fait encore plus rêver que l'expo elle-même. Une vraie, une authentique machine de baroudeur qui a vécu, et le montre par les usures, les autocollants multiples et divers. Chapeau le globetrotteur !

Friday, March 2, 2018

CIFC : La Cité des Anges


    Aujourd'hui 1er mars, c'est à la Cité des Anges que nous allons rendre visite. Vers l'âge de 18 ans Miséricorde a entendu pleurer dans une décharge près d'où elle habitait. C'était un bébé abandonné. Elle l'a recueilli et n'ayant pas retrouvé d'où il venait, la garde lui en a été accordée. Une histoire cent fois entendue !! Au fil du temps elle a accueilli d'autres petits enfants abandonnés ou délaissés. Au fil du temps il a fallu trouver un endroit où loger tout ce monde. Une personne donna/prêta la maison que nous sommes allées visiter. Le gros souci, est qu'elle se trouve à Hévié réputé pour sa forte pratique du vaudou. De partout si l'on observe l'on peut voir des 'mausolés'. Moi qui n'est pas l'oeil, je ratai semble-t'il la plupart, mais j'ai bien vu celui qui était à tout juste 100 m du centre avec notamment un poulet mort pendu. Beurk ! et encore ce n'était qu'un poulet. Il y a quelques temps Miséricorde a pu faire changer le portail en bois par un en métal pour mieux protéger les enfants des enlèvements sacrificiels. 
    La route d'accès étant vraiment mauvaise nous avons stoppé les véhicules 50 m avant. 


     L'accueil a été chaleureux. Nous avions amené produits d'entretien, biscuits, lait et graines de palme pour la cuisine et la peau. Le centre a 24 enfants environ... compliqué d'avoir des réponses exactes et vraies à tous les coups.


    Je n'ai pas regardé/pris de photos de la chambre par respect, timidité, honte je ne sais. Savoir tout ce monde dans un petit espace à dormir sur des nattes est un peu dur à encaisser. On a beau se blinder, cela brasse toujours. La "cuisine" est un provisoire qui a duré mais devrait être déplacée sur l'arrière. Francoise nous explique les 2 ouvertures qui feront passer les tuyaux des poêles ... quand ceux-ci pourront être achetés ... Elle nous explique que dans le nouvel espace il y avait souvent des serpents cracheurs qui venaient ce qui était dangereux. Depuis que le mur a été fermé jusqu'en haut le problème a été résolu. La future cuisine sera donc là.


    Le Lyon's club de Cobens en Allemagne leur envoie des dons par le CIFC que Francoise gère. Ils ont permis la construction d'un 'toit' dans le couloir arrière, de grandes parties carrelées qui limite la poussière et surtout 3 douches car il n'y en avait qu'une pour tous. Elles consistent en un espace carrelé avec évacuation pour l'eau. Cela reste très basique et la douche se passe toujours au seau.


    Dans la cour d'à côté, on a constaté avec effroi qu'ils avaient du couper un manguier pour utiliser le bois pour la cuisine. Etre obligé d'en venir à se couper d'une source de nourriture c'est triste. Le jardinier a fait une bonne taille dans mon jardin et ces branches qui n'ont malheureusement pas été amenées serviront c'est sur ici ou à un de ces endroits qui survivent comme il peuvent. Au fond, les toilettes sèches fonctionnent bien. Il y en a 2 pour tout le complexe, un wc sur la partie orphelinat et un côté école.


    L'école comprend 4 classes doubles et accueille 67 enfants... ou du moins 67 sont inscrits (dont les orphelins) car quand le paiement de la scolarité est réclamé aux 50% et plus qui ne règlent pas leur du, alors les parents ne les envoient plus à l'école. 
    

   L'école publique est pour le moment 'gratuite' quoi qu'il faille payer fournitures, uniformes, repas... La loi est en train de changer pour que tous doivent payer ce qui devrait soulager cette école aux résultats exceptionnels. Du 100% aux examens et surtout vu ces scores les enfants sont exemptés d'examen d'entrée en 6 ème au collège St Félix. Il y a 5 ans ils ont même eu un enfant terminant 1er de tout le district. 
    Une autre difficulté est que dans ce pays, la plupart du temps (je n'ai pas de preuve que ce soit toujours mais on s'en doute), un enfant en formation doit à la fin de celle-ci régler pour obtenir son diplôme. En l'occurence, la plus âgée de l'orphelinat a terminé son apprentissage, mais pour obtenir son diplôme, il faut donner 150.000 CFA ce qui est conséquent. Si elle ne l'obtient pas, elle ne pourra qu'être une simple employée pas considérée et rémunérée comme qualifiée. 
   Pour ajouter à la difficulté, 3 fois en quelques mois des voleurs ont pris les fils électriques. Leur rachat a un cout et Miséricorde refuse de porter plainte auprès de la police de peur de représailles. Ils vivent de trois fois rien et bien les j'fou rien de ma vie alentours trouvent le moyens d'aller les voler. Récemment, après un retour de courses, la petite troupe est allée à la messe et durant ce temps, il leur a été volé les 150.000 d'achat de nourriture plus des gamelles de cuisson. Et si je comprends bien il y a des milliers d'endroits comme cela dans ce pays avec exactement les même problématiques.
Que ce monde est cruel, sans pitié !