Friday, November 23, 2018

Au coeur de la Gaani

  Ce 20 novembre à Nikki, en pays Bariba, au nord-est du Bénin (environ 530 km de Cotonou), s'est déroulée la Gaani, fête traditionnelle des peuples Baatonu et Boo qui se célèbre chaque année au Bénin, Nigéria et Togo. Signifiant joie, victoire, délivrance, l'idée est de recevoir la chance, la prospérité, les voeux de santé et renforcer l'allégeance au royaume Baatombu (Batombu, Batonnu...).
  Elle donne un cocktail culturel et cultuel entre tradition et modernité. Y participer c'est découvrir l'histoire tumultueuse d'un peuple de chasseurs baatombu, combattu par des cavaliers envahisseurs les wassangari, fidèles de l'islam.


"La fête de la Gaani est une fête traditionnelle qui se déroule à Nikki, au début de l'année et précisément dans le troisième mois lunaire selon le calendrier Bariba. Elle est devenue aujourd’hui une fête identitaire qui rassemble non seulement des peuples ayant une même expression culturelle et linguistique, mais aussi ceux ayant un destin commun. Elle dure deux jours et c'est l'occasion pour le roi Baatonu de Nikki de recevoir des cadeaux et aussi de lui présenter les voeux de nouvel an."


"La Gaani demeure une fête importante pour les Baatonu. Pour ses préparatifs, le roi effectue une tournée d'un mois à l'avance auprès des chefs de province pour recueillir leurs contributions. Ensuite, une à deux semaines après cette visite du roi, ce sera la fête Donkonrou ( le jet de feu) qui consacre des sacrifices et cérémonies nécessaires pour que tout se déroule dans les meilleures conditions possibles. La veille de la fête, on installe les tambours sacrés accompagnés d'un petite lampe qui a pour mission de veiller toute la nuit sur ces derniers."


Une bonne centaine de chevaux/cavaliers étaient présents.



   Tous ont leur tenue d'apparat, plus ou moins riche. Autour de leur chapeau ils enroulent un pagne blanc qui passe par dessus le menton. La modernité a offert les masques protecteurs de la poussière ! Le rang du prince se distingue à travers sa tenue qui est un véritable moyen de communication. 


   Le Tako est La tenue identitaire des Baatombu. C'est un boubou spécifique des princes wassangari. Le vrai n'a pas de poches et 2 fentes (devant, derrière) facilitant au cavalier la montée à cheval. La manche doit toujours submerger les 2 mains et les aisselles sont ouvertes pour permettre l'aération. 


    Le prince nommé Yérima ou Gobi, tant qu'il n'est pas dans sa maison doit porter le Tako. Il en a 3 ou 4. L'usager sera le vêtement de tous les jours et le nouveau servira lors des fêtes de Gaani et autres. Chez lui le prince sera en Dansiki une petite chemise type sous vêtement avec 2 poches un col rond et sans manches.


   Il y a plusieurs types de Tako. L'Arikira, réservé aux princes de la lignée et proscrit aux roturiers, tout comme le Gonna (couleur plumage de pintade) porté par les "Goni". Les princes nommés "Yérima" porteront le Tako Kpika (blanc). Le Kpakpané est multicolore.
    Le Tako ne se lave pas. Si sale il sera trempé dans une bassine d'eau bouillante plus de 2 h. Il ne se tord pas non plus mais s'étend vertical avec une tige passée entre les aisselles. Lavage ou frottage pourrait faire partir l'indigo de teinture.
   Le chapeau a aussi ses codes. En pays batonnu, penché vers la gauche signifie que le prince l'est du côté maternel. Devant, l'intéressé poursuit une nomination ou distinction. Vers l'arrière qu'il a atteint son objectif et demande à ceux qui le suivent de prendre exemple sur lui. 



   Pas de Gaani sans musique et griots. Les tambours sacrés Barabakuru (grand mâle) et Barapiibu (petite femelle) ne sont utilisés qu'à cette occasion, lors de l'ouverture et la fermeture de cette fête. ils ne sont joués que par des initiés, les Toufaroukpi. 
   Les trompettes sont jouées par le groupe Kirikou. Utilisées dans tous les styles de musique, celles royales sont fabriquées artisanalement en cuivre par des initiés à la cour et sont un attribut incontournable de la cour royale de Nikki. Le roi ne se déplace jamais sans son cortège de trompettes. Elles seraient d'origine indienne et auraient été introduites en Afrique par les mouvements des troupes caravanières. Les Bariba en auraient hérité des Boussa et Haoussa du Nigéria.

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