La prospérité des habitants est subordonnée au bien-être des divinités et par conséquent à la qualité des places. Un grand projet de réhabilitation de celles-ci a été lancé il y a quelques années. Gérard Bassalé du centre culturel Ouadada et aussi guide touristique en a été un grand "acteur".
"La dimension spirituelle et symbolique de la place peut expliquer en partie la forte mobilisation des habitants autour du projet. Sur une place vodoun, la participation de la population est un prérequis indispensable."
"En raison du caractère sacré et donc « sensible » de ces places, toute intervention sur ce type d’espace doit être validée au préalable par les chefs religieux et respecter un certain nombre de règles collectives à la fois formelles et informelles. Les aspects matériels mis en débat – plans d’implantation, couleurs des murs, emplacement des bancs, motifs des fresques – renvoient à la dimension symbolique et spirituelle de la place."
"Le périmètre des personnes concertées ne s’est pas arrêté aux habitants de la place. Les membres des lignages familiaux vivant à l’extérieur, dans d’autres quartiers, voire d’autres villes, mais conservant un ancrage très fort sur les places ont été mis au courant du projet. Cette concertation s’est également accompagnée d’un ensemble de rites consistant à consulter les divinités afin d’obtenir leur approbation."
"les habitants ont pris en charge différentes missions techniques et logistiques. La préparation et l’installation du chantier ont en effet nécessité une phase de désherbage, sarclage, élagage des arbres, nettoyage, balayage, acheminement et stockage des matériaux, qu’ils ont assurée eux-mêmes."
"L’exécution des travaux a mobilisé différents corps de métiers dans le domaine du bâtiment : maçons, peintres, soudeurs, coffreurs, menuisiers, ferrailleurs et manœuvres, en grande majorité recrutés parmi les habitants du quartier."
"L’appartenance et l’attachement aux places sont également liés à la vie sociale qui s’y développe. Au-delà de leur dimension cultuelle, les places vodoun revêtent en effet plusieurs fonctions socio-économiques. On y trouve divers types de commerces formels et informels : des vendeuses ambulantes et fixes proposent des en-cas et de la petite épicerie, un coiffeur y est domicilié. Ces places accueillent les événements privés et publics organisés par les habitants, par des acteurs locaux ou par la municipalité : cérémonies familiales, concerts, réunions publiques, ou encore rencontres politiques, etc. Ce sont également des lieux de médiation, où les familles se retrouvent pour échanger sur les projets liés au quartier, et régler les différends."
"C’est aussi un lieu de détente et de loisirs pour les habitants et particulièrement pour les jeunes du quartier qui s’y retrouvent pour discuter, pratiquer une activité sportive ou jouer aux cartes. Ces fonctions sociales ont été renforcées à l’issue des travaux réalisés dans le cadre de l’opération « Éclosions urbaines », par de meilleures conditions d’éclairage et de sécurité, notamment la nuit, et par l’installation de mobilier urbain adapté aux usages des habitants."
"L’une des originalités de cette expérience de réhabilitation des places repose sur sa dimension artistique. Un réseau d’artistes contemporains a en effet été mobilisé pour contribuer à la transformation des espaces communs, à travers la création d’œuvres individuelles et collectives. Des œuvres permanentes ont été intégrées aux éléments architecturaux qui composent la place : murs des temples et des couvents, portes et enceintes des loges, escaliers, mobilier urbain, etc. En bas de l’escalier, face à la lagune, deux grandes œuvres des artistes Philippe Zountègni Houedanou et Simplice Ahouansou ont été installées. Par ailleurs, des peintures et sculptures sont présentées chaque année, pour une durée d’un an, dans la rue des artistes »